« Je n’en peux plus de faire la bise à toute l’entreprise ! Mais comment arrêter… sans froisser tout le monde ? »
Voilà le sujet peu commun qu’une jeune cadre d’entreprise m’a proposé au cours d’une séance de coaching.
Comme beaucoup de femmes en entreprise – messieurs, vous êtes moins soumis à ce rituel, quelle injustice ! – Valérie s’est laissée embarquer il y a des années dans une distribution systématique de bisous : pour créer des liens et une ambiance chaleureuse avec sa propre équipe, inspirer de la sympathie … Et après tout, cela a représenté de l’intérêt pour Valérie pendant des années : satisfaire ses besoins fondamentaux d’appartenance à un groupe (vous savez, le fameux niveau 3 de la pyramide de Maslow…). Pourquoi s’en priver !
Et puis avec le temps, la saturation est arrivée. Valérie, devant manager une grande équipe, trouvait de moins en moins facile de faire la bise à tous ses collaborateurs : Comment garder de l’objectivité, voire de l’autorité, mener un entretien de » mise au point ou de recadrage » quand on claque deux ou trois bisous tous les matins ? Et puis, Valérie faisant régulièrement visiter le site de production à des clients, éprouvait de plus en plus de gêne à interrompre la visite… pour distribuer des bisous à droite et à gauche.
Alors comment sortir de ce rituel mis en place depuis des années ? Et bien, il a fallu une vraie saturation, un ras le bol très fort…et beaucoup de courage et de détermination à Valérie pour engager un changement et réussir !
Qu’avons-nous mis en place ? D’abord, nous avons travaillé sur le sens de ce rituel, les avantages et les inconvénients et sur les peurs engendrées par la fin de ce rituel (m’aimera-t-on toujours ?…), puis nous avons déterminé ensemble un scénario pour passer à l’action :
- Principe de base : la fin de la bise sera pour tout le monde, même pour les collègues devenus amis. Ainsi pas de jaloux !
- Un jour J est déterminé pour lancer l’opération « Fini les bisous »
- A partir de ce jour J : dès que je croise quelqu’un, je lui fais la bise et je lui dis : « Aujourd’hui… on se fait la bise pour la dernière fois ! Et oui, faire la bise finit pas me peser, ça représente pour moi une contrainte. Alors désormais, je dirai un simple bonjour à tout le monde et je me sentirai vraiment soulagée, ça sera plus facile pour moi ! ».
Vous vous en doutez, l’exercice demande une bonne mémoire (pour ne pas répéter le scénario auprès de la même personne!) et surtout une forte motivation. Car cela demande beaucoup de courage de dire quelque chose qui peut déstabiliser, voire vexer l’autre.
Vous le voyez, dans ce scénario, il n’y a ni accusation, ni colère, ni agression. Juste des besoins et des sentiments exprimés simplement. Cette approche rejoint celle de la Communication Non violente bien sûr, dans sa forme la plus simple et la plus essentielle: parler de soi avant tout.
Valérie a totalement réussi son challenge… et quel soulagement ! Certaines personnes ont été froissées au début, puis sont passées à autre chose. Cela a appris à Valérie à s’affirmer et à moins dépendre du regard des autres.
Elle s’est libérée d’une contrainte en respectant chacun… et en se respectant elle-même avant tout !